COMPOSTER, EN PRATIQUE, CA DEMANDE DU TRAVAIL ?

Remarque : pour des questions de sécurité et d'hygiène, utilisez des gants pour manipuler le compost

Pour garantir un bon compostage, il faut que le milieu soit adapté aux organismes aérobies qui décomposent les matières c'est-à-dire qu'il contienne :

  • de la nourriture équilibrée, composée d'un mélange bien proportionné de matières carbonées et de matières azotées
  • de l'humidité car l'eau est vitale pour les organismes intervenant dans le processus de compostage
  • de l'air car l'oxygène est vital pour les organismes intervenant dans le processus de compostage (ces organismes respirent !)

Si le milieu n'est pas adéquat, les organismes ne s'y développeront pas et le processus de compostage ralentira voire s'arrêtera. Or, si le processus de transformation des matières organiques en compost se fait naturellement, il ne faut pas oublier que de nombreux aléas climatiques (pluie, vent, froid...) peuvent le rendre irrégulier.
Ainsi, pour créer et maintenir un milieu adéquat, un peu de travail est nécessaire :

Trier, préparer, stocker et apporter des matières à composter

A quelle fréquence ? Nos référents-composteurs le font quotidiennement à 1 fois par semaine.

Qu'en disent nos référents-composteurs ? Cette étape est jugée par nos référents-composteurs relativement chronophage en particulier dans le cas du lombricompostage puisqu'il faut couper et ajouter des petits bouts de carton (1/3 du total) à chaque fois que l'on "nourrit" le lombricomposteur.

Conseil de tri : pour savoir que composter ou pas, parmi les déchets ménagers ou du jardin, c'est ici

Conseil de préparation : avant d'apporter les déchets au composteur,

  • Coupez ou broyez les morceaux se décomposant lentement : gros déchets (fruits et légumes entiers...), feuilles épaisses ou larges, peaux coriaces (banane, ananas...), matières carbonées (carton, filtre à café...), coquilles d'œufs... En augmentant ainsi la "surface de travail", vous faciliterez l’attaque de ces morceaux et leur décomposition en compost sera sensiblement plus rapide (c'est intéressant si vous en avez besoin plus fréquemment ou si vous voulez en améliorer l'aspect esthétique). Pour cela utilisez le sécateur, un broyeur de jardin ou bien encore la tondeuse en vidant le panier sur le compost ! Attention toutefois à ne pas fractionner trop finement les morceaux pour ne pas gêner la circulation d'air dans le compost.
  • Utilisez de préférence un éplucheur à la cuisine : les épluchures obtenues avec sont au moins 4 fois plus fines que celles obtenues avec un couteau

  • Mouillez les déchets carbonés (carton, papier essuie-tout...) si le compost est sec
  • Enveloppez les déchets trop humides dans du papier journal ou essuie-tout ou bien ajoutez des bouts de carton avant de déposer ces déchets trop humides

Conseil de stockage : pour limiter les allers-retours au composteur, stockez temporairement vos déchets ménagers fragmentés

  • dans un petit récipient (bio-seau, ancien seau alimentaire plastique transparent avec couvercle étanche...). Avant utilisation, n'hésitez pas à tapisser les parois intérieures de ce récipient de papier journal : cela absorbera les coulures. Aussi n'hésitez pas à utiliser ce récipient comme poubelle de table car c'est très pratique !
  • là où ça vous arrange. Comme l'explique un de nos référents-composteurs, "en hiver on peut laisser le récipient ouvert dans la cuisine. Mais aux beaux jours, avec les mouchettes, ce récipient finit généralement sur le balcon !"
  • Un bio-seau pratique : avec une anse, un couvercle bien étanche (pour éviter les mouchettes) et une étiquette qui rappelle les déchets de cuisine pouvant être compostés

Conseil d'apport : veillez à

  • ne pas apporter de déchet en très grande quantité dans le compost pour éviter les dérives (feuilles mortes, tontes de pelouse...)
  • respecter les proportions 1/3 de matériaux riches en carbone (carton, papier journal et essuie-tout, feuilles mortes...) et 2/3 de matériaux riches en azote (épluchures de fruits et légumes, tontes de gazon...) pour assurer une bonne digestion par les organismes du compost. Si vous apportez trop d’azote (par exemple sous forme de tontes de pelouse) par rapport au carbone, une partie de cet azote sera perdue sous forme d'ammoniac.
  • brasser le compost, sur une vingtaine de centimètres, à chaque nouvel apport. Autrement, alternez les couches minces de matériaux "contraires", typiquement d'une part les matériaux riches en carbone, qui aèrent généralement par leur structure, d'autre part les matériaux riches en azote, qui ont tendance à s'affaisser.
  • Au final, faites des lasagnes de matières carbonées (1/3) et azotées (2/3) !

Brasser / retourner le compost régulièrement

L'intérêt est double : d'abord, cela homogénéise le compost en mélangeant les zones plus ou moins tassées et anaérobies (par exemple le centre du tas vs les parties extérieures), plus ou moins humides... Ensuite cela aère le compost donc apporte de l'oxygène aux organismes aérobies qui décomposent les matières. Au final, le brassage, en favorisant l’activité de ces organismes, (ré)activera voire accélérera la décomposition des matières en compost.

A quelle fréquence ? Parmi nos référents-composteurs, ceux pratiquant le lombricompostage et le compostage en bac le font rarement ou jamais et ceux pratiquant le compostage en tas le font au mieux 1 fois par mois.

Qu'en disent nos référents-composteurs ? Cette étape est jugée par nos référents-composteurs chronophage et "physique" dans le cas du compostage en bac et encore plus dans le cas du compostage en tas. C'est ce qu'illustre par ailleurs le propos d'un de nos référents-composteurs : "Il faudrait que je retourne le tas pour accélérer la décomposition, mais par manque de temps je ne le fais pas souvent."

Aérer

Comprendre le brassage Après une mise en tas ou un brassage, la température d'un compost s'élève du fait du (re)démarrage de l'activité des micro-organismes aérobies qui décomposent les matières. Cette hausse de température provoque d'ailleurs l'évaporation de l'eau et une diminution du volume du compost. Après plusieurs semaines, lorsque tout l'oxygène a été utilisé par ces micro-organismes aérobies, des micro-organismes anaérobies se développent dans le compost. La température du compost redescend car leur métabolisme est moins thermogène. Pour éviter toute putréfaction du compost, c'est à ce moment qu'il est conseillé de brasser (à nouveau) le compost. On peut pratiquer ainsi plusieurs brassages successifs. Lorsque la température du compost n’augmente plus après un brassage, on peut considérer que la décomposition est complètement finie et que le compost est mûr.

Vérifier voire corriger l'humidité du compost

A quelle fréquence ? La majorité de nos référents-composteurs le font rarement ou jamais.

Conseil : un milieu adapté aux organismes aérobies revient à ce que le compost soit en permanence humide mais pas détrempé, concrètement "comme une éponge mouillée et essorée". Par ailleurs, ces conditions doivent être les plus constantes possible afin de ne pas perturber la vie des organismes transformant les matières. Avoir un "haut" sur le composteur est ainsi très utile car cela aide à conserver un bon taux d'humidité au sein du compost.

Astuce : pour vérifier le taux d'humidité de votre compost, muni de vos gants, prenez une poignée représentative de l'état général du compost et pressez-la fortement

  • Si quelques gouttes de jus sortent et que le paquet ne se défait pas quand vous ouvrez la main, le compost à une bonne humidité.
  • Si du jus ruisselle, le compost est trop humide.
  • Si aucun jus ne sort et que le paquet semble sec et qu'il se défait, le compost est trop sec.

Le compost doit être "comme une éponge mouillée et essorée"

Transvaser ou récupérer le compost pour l'utiliser pour les plantes

Plus il est décomposé, plus le compost devient uniforme, brun-noir, grumeleux et avec une odeur d'"humus de sous-bois". On dit qu'il est "mûr" lorsque les déchets de départ (et qui étaient censés bien se décomposer) ne peuvent plus être identifiés. C'est généralement à ce stade qu'on le récupère. Comptez plusieurs mois à 2 ans pour qu'un compost soit mûr ; cela variera selon la technique de compostage, les matériaux mis à composter et les conditions extérieures.

A quelle fréquence ? Nos référents-composteurs le font de temps en temps dans l'année. Un de nos référents-composteurs, pratiquant le compostage en bac, a ainsi expliqué : "J'ai deux bacs qui fonctionnent en alternance tous les ans et je ne vide au printemps que le bac composté." Un autre référents-composteurs, pratiquant aussi le compostage en bac, mais avec un bac unique, dit " le vider tous les ans ou tous les 2 ans".

Qu'en disent nos référents-composteurs ? Cette étape est jugée par nos référents-composteurs chronophage et physique dans le cas du compostage en bac car il faut vider le composteur.

Conseils : une fois le compost récupéré (et éventuellement asséché), tamisez-le. Cela permettra de l'affiner pour pouvoir l’utiliser plus facilement. En ce qui concerne les morceaux grossiers qui n’ont pas été complètement décomposés, remettez-les pour un nouveau cycle de compostage (d'autant plus qu'un peu de l'ancien compost aidera à démarrer vite et bien le nouveau compost en favorisant les organismes intervenant dans le processus).

Astuce tamisage : pour tamiser, utilisez par exemple un tamis à main (ça peut être un bac plastique ajouré !) ou bien un cadre grillagé que vous poserez contre un mur et sur lequel vous projetterez le compost à l’aide d’une pelle

Enfin vous le tenez entre vos mains, cet "or noir"!

Nettoyer l'équipement

A quelle fréquence ? Nos référents-composteurs le font rarement ou jamais !

Ce qu'en disent, de façon générale, nos référents-composteurs :

"Si j'avais un conseil à donner pour minimiser le travail et les problèmes, je dirais qu'il faut bien équilibrer son compost avec 1/3 de matières sèches."

"Quel que soit le type de compostage choisi, il est pratique d'avoir un petit seau ou une poubelle à la cuisine pour stocker les détritus avant de les mettre au compost (typiquement une fois par jour)."

"J'interviens peu dans le cycle du compost, car je ne suis pas très pressée de récupérer le compost et je ne veux pas que ce soit chronophage. Il ne faut pas que ce soit une contrainte (le retourner souvent...), la nature fait très bien les choses, laissons-la faire :)"

Remarque : les propos tenus n'engagent que leurs auteurs