Lorsqu'on demande quelque chose à un enfant, il est d'abord important de ne pas donner d'injonction, c'est à dire (comme indiqué dans le Larousse) d'"ordre formel d'obéir sur-le-champ sous menace de sanction". En effet, s'il reçoit une injonction, l'enfant se sentira, comme tout un chacun, attaqué et cela créera soit la soumission soit la rébellion, ce qui n'est bon dans aucun cas.
Lorsqu'on demande quelque chose à un enfant, il est ensuite important de donner la bonne information ! Pour cela, en pratique, il suffit de veiller à :
- utiliser du vocabulaire connu de l'enfant et parler à la forme positive car cela facilite la compréhension, par l'enfant, de la demande
- expliciter en quelques mots concrets ce que l'on attend exactement de l'enfant afin de clarifier la demande
- donner 1 consigne à la fois pour éviter la saturation qui noie l'information la plus utile et démotive
Voici ainsi quelques exemples des phrases, couramment utilisées lorsqu'on s'adresse aux enfants, que l'on peut avantageusement remplacer :
Au lieu de dire aux enfants... disons-leur plutôt...
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"Je t'ordonne de...", "J'exige que tu..."
Utiliser à la place "Je te demande de...", "S'il te plaît tu...", "Je compte sur toi pour...", "Je te fais confiance pour..." ou "Je m'attends à..." est plus diplomate donc plus efficace. Une autre bonne pratique est de poser des questions pour impliquer l'enfant et lui donner envie de coopérer comme par exemple "Comment est-ce que tu comptes t'organiser ?". -
"Range ta chambre."
Cette consigne mérite d'être clarifiée car tout dépend de ce que l'on entend par "ranger". Et à vrai dire il y a une chance non négligeable pour que "ranger" ne veuille pas dire la même chose pour l'enfant et pour l'adulte. Dommage...
A la place, il est donc plus judicieux d'expliciter : "Je compte sur toi pour ranger tous les objets qui traînent par terre." ou "On va faire 2 tas : 1 tas pour les feuilles que tu veux jeter, 1 tas pour les feuilles que tu veux conserver. Allez, à toi de trier maintenant. Quand tu as fini, tu m'appelles." -
"Reste sage." Que sous-entend-on ? L'enfant comprendra sans ambiguïté si on lui dit plutôt "Tu peux lire un livre ou faire des dessins.". -
"Sois gentil."
Que sous-entend-on là encore ? Pour que la consigne soit bien transmise, il faut être plus précis avec par exemple, "On fait des gestes doux avec les bébés." ou encore "On dit bonjour et au-revoir !". -
"Fais attention.", "Sois prudent."
Encore des exemples courants de consignes trop générales, à expliciter de façon concrète comme par exemple, "On traverse le passage piéton quand le bonhomme est vert.". -
"Il est interdit de..."
La consigne sera mieux comprise par les plus jeunes avec un simple "C'est non !". -
"Ne touche à rien !"
Cet avertissement, c'est celui que j'ai plusieurs fois adressé à mes enfants quand on arrivait dans le cabinet d'un médecin ! Et je reconnais que cet avertissement n'a jamais très bien fonctionné ; à croire même qu'il attisait plutôt leur curiosité... On m'a conseillé, à la place, de leur expliquer "Les objets qui sont ici sont fragiles." et d'ajouter "Tu as le droit de regarder." (et c'est tout) ou bien, d'une façon plus poétique "On a le droit de toucher... mais seulement avec les yeux.". J'essaierai la prochaine fois ! -
"Ne fais pas de bêtise !"
Qui n'a jamais dit cela à ses enfants en rendant visite à la famille ou aux amis ? Personnellement j'essaie de m'améliorer avec "Tu as le droit d'utiliser les jouets qui sont dans la caisse." ou "Tu nous déranges en faisant ce bruit ; trouve un jeu plus calme ou va jouer dans ta chambre.". -
"Ne tape pas !"
L'objectif, à ce moment-là, c'est de (tenter de) garder la totale maîtrise de soi en réagissant avec un "Les mains sont faites pour caresser.", "Tu sais faire des gestes doux.", "Utilise des mots pour montrer que tu n'es pas d'accord.", "Pour te défouler, va plutôt taper le coussin." ou encore "Tu as le droit d'être énervé contre ton copain mais tu dois le respecter." -
"Ne cours pas!"
Rappeler un "Lentement", "On marche", "Tu peux aller jusque là-bas et tu reviens." est certainement plus pédagogique que de sortir la "laisse" (si si, ça existe !). -
"Ne traverse pas !"
Je me rappelle ces moments angoissants lors de trajets connus, à voir partir mon enfant à toute allure presque hors de vue, en me demandant s'il allait bien s'arrêter au prochain passage piéton. Je crois que les "On s'attend au portail.", "Reste sur le trottoir de mon côté." ou encore "Tu t'arrêtes au poteau." ont assez bien fonctionné. -
"Si tu ranges ta chambre, on ira au parc."
Testé et validé : au lieu de soumettre une condition à l'enfant, il est préférable de lui annoncer la suite des événements, qui est ainsi fixée et immuable : "Quand tu auras rangé ta chambre, on ira au parc.". Essayez chez vous aussi ! -
"As-tu préparé ton sac pour demain ?", "Est-ce que tu as pensé à éteindre la lumière ?"
Un petit rappel vaut mieux qu'un long discours : dire simplement "Ton sac ?", "Lumière ?" s’avérera certainement le plus efficace pour rappeler aux enfants ce qu'ils ont à faire. Suite à un atelier sur la parentalité, où tout plein d'anecdotes et conseils étaient donnés, nous avons créé, dans notre famille, le rappel-acronyme "LMBD" et on peut dire que oui, c'est devenu un concept à part entière, adopté par tous, qui fonctionne plutôt bien pour rappeler aux enfants qu'ils ont à se Laver les Mains et Brosser les Dents !
Trucs et astuces
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donner des responsabilités qui ont du sens aux enfants : cela les valorise, leur donne confiance en leurs capacités et assouvit leurs besoins vitaux "appartenir et contribuer". N'hésitez pas à "piloter un projet familial" en proposant aux enfants des missions qu'ils sont capables de réaliser ; toute la famille en sortira grandie ! Et en cas de grosse fatigue, sachez également que vous pouvez le dire à votre enfant : "Je suis fatiguée ; j'ai eu une mauvaise journée ; je peux te demander un peu d'aide ?". -
penser à l'humour et à la suggestion qui forment ensemble un bon mélange : "Mettre des bottes en été, ouh là ! Ça risque de faire très chaud au pieds, non ?" -
afficher un message comme dans les crèches où les panneaux "Ici, on marche" fonctionnent parfaitement (les enfants se rappellent même entre eux cette consigne !). De façon générale, être créatif dans sa façon de communiquer en renforce l'impact ; les publicitaires l'ont bien compris, pas vrai ? -
éviter la méthode du "bâton et/ou de la carotte" , c'est-à-dire de la sanction-punition et/ou de la récompense, car cette méthode tend à éluder le sujet initial d'une part et ne peut fonctionner à long terme d'autre part. Si néanmoins vous la mettez en oeuvre et que l'enfant ne change pas son comportement ou que cela lui est complètement égal, arrêtez-la. -
essayer la méthode du "bâton et/ou de la carotte inversé" : c'est ce que j'ai mis en place avec mes enfants lorsqu'ils étaient jeunes et que les journées où je les gardais se passaient difficilement... et cela s'est révélé utile ! Nous avions fixé une règle ensemble : chaque enfant avait droit, de base, à 3 bonbons au goûter du samedi. Mais avoir droit à ces 3 bonbons impliquait qu'ils aient été "suffisamment" sages : en effet, à chaque gros manquement aux règles, je les menaçais d'abord de baisser ce "crédit" (afin qu'ils comprennent bien l'enjeu) puis, s'ils continuaient, je déclarais effectif le décompte. Même si cela les a parfois mis en colère, les enfants ont globalement bien accepté cette règle et ils ont fait des efforts car ils voulaient chacun leurs 3 bonbons ! Après plusieurs années, ce système est aujourd'hui toujours en place (au grand plaisir de mes enfants !) ; par contre je n'ai plus besoin de menacer ou de décompter des bonbons comme avant : les choses se sont arrangées pour nous sur ce point ! -
utiliser des accessoires attirants , qui font par exemple appel à l'imaginaire. Chez nous, nous utilisons, en guise de bac à linge sale un bac à jeux en forme de grenouille. Il est possible que cela ait contribué à donner à nos enfants l'envie d'y mettre régulièrement leurs chaussettes !
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