EXPRIMER CE QU'ON PENSE DE SON ENFANT

Lorsqu'on parle d'un enfant, il est important de penser à ses paroles.

Pour éviter les remords des "mots qui dépassent la pensée" et blessent, une bonne pratique est de décrire les faits que l'on observe et les émotions que ces faits génèrent en nous. Ainsi, on réduit le risques de vouloir juger, sanctionner ou prendre sa revanche sur l'autre.

Par ailleurs, les mots familiers et vulgaires sont à bannir. En effet d'une part l'enfant mérite, comme toute autre personne, qu'on le traite correctement ; d'autre part nous, adultes, devons être cohérents avec le modèle d'éducation que nous représentons.

Voici ainsi quelques exemples des phrases, couramment utilisées lorsqu'on s'adresse aux enfants, que l'on peut avantageusement remplacer :

Au lieu de dire aux enfants... disons-leur plutôt...

  • "Tu as bien...", "Tu as enfin..."
    Amorcer ainsi une remarque, même positive, connote un jugement, ce qui n'est pas le cas de "J'ai beaucoup apprécié quand tu as..." qui se limite à une description du fait et du ressenti.
  • "Tu es un champion"
    Qu'est-ce que cela veut dire exactement ? Il est préférable de décrire ce que l'enfant a fait et de conclure : "Tu as fait... et puis... ; c'est faire preuve de... (autonomie, courage, sens des responsabilités, patience, application...) !" ou bien "Maintenant tu arrives à... au lieu de... ; je suis fière de toi !" ou encore "C'était difficile mais tu as travaillé dur et tu as réussi !". On peut ajouter éventuellement "Cela nous donne envie de... à nouveau une prochaine fois.".
  • "Bravo fiston, tu as arrêté tous mes tirs"
    (à reconnaître sans mauvaise humeur ni sentiment de dévalorisation...)

  • "Tu dois être content."
    Laissons l'enfant libre des ressentir ses propres émotions avec "Est-ce que tu es content ?"
  • "Pourquoi... ?"
    "Pourquoi... ?" a l’inconvénient d'être utilisé pour chercher un coupable (qu'en plus on connaît souvent déjà... quelle hypocrisie...) et réprimander. A remplacer par "Qu'est-ce qui s'est passé ?".
  • "Tu as mal fait.", "Tu n'as pas fait comme je t'avais demandé.", "Tu aurais pu faire mieux."
    OK ce n'est peut-être pas "parfait" mais c'est un bon début ! Et cela est important de le reconnaître par un "Tu as fait ce que je t'avais demandé et je t'en remercie.". En plus cela motivera l'enfant à continuer et ce faisant, il améliorera sa façon de faire ! Car ce qui est important, c'est bien la progression et pas le résultat en lui-même.
  • "Je suis déçue !"
    Expliquons plutôt ce que nous ressentons et pourquoi : "J'ai perdu confiance car on avait dit... et là tu...".
  • "Je suis déçu" : ces 3 mots mis ensemble sont d'une grande violence

  • "Tu es insolent !", "Il est timide..."
    Attention à toutes ces "étiquettes qui collent à la peau". En effet, comme le dit André Stern dans son livre "Tous enthousiastes", "Nos enfants deviennent comme nous les voyons". Pour éviter tout impair, on peut utiliser la formulation "Ton comportement peut être pris pour de ...".
  • "J'en ai assez de toi.".
    Le problème n'étant pas l'enfant lui-même mais son comportement, utilisons à la place "J'en ai assez de ton comportement.".
  • "Tu me rends nerveuse/m'énerves/me fatigues."
    Là encore, le problème n'est pas l'enfant, en tant qu'individu, mais son comportement. C'est bien ce qu'expriment les phrases suivantes : "Je n'aime pas ton comportement car il me rend nerveuse/m'énerve/me fatigue." ou encore "Ça me rend nerveuse/m'énerve/me fatigue quand tu...".
  • A toi aussi cette image parle ? ;)

  • "Tu vas tomber"
    Au lieu d'afficher notre peu de confiance dans les capacités de l'enfant, expliquons ce que nous ressentons et pourquoi : "Je trouve que c'est dangereux de monter sur ce tronc glissant." ou "Je suis inquiète : je crains que tu tombes.". Vous constaterez alors certainement que l'enfant fera de son mieux pour vous rassurer. Il est par ailleurs utile à un moment pareil de prodiguer à l'enfant quelques conseils pratiques "Tu peux te tenir à la branche." et "Dis-moi si tu as besoin d'aide.".
  • "Tu vas te tacher"
    On utilisera de préférence "Tu risques de te tacher." pour amener l’enfant à évaluer sa capacité à gérer la situation. Et on pourra ajouter éventuellement : "Comment comptes-tu faire pour être sûr de ne pas te tacher ?" ou "Peut-être que tu pourrais mettre une blouse, qu'en penses-tu ?".
  • "Tu vois je t'avais bien dit..."
    Rahhhh ; c'est moche d'être dans un esprit de sanction et revanchard ! "Tu ne penses pas que c'était prévisible ?" est plus correct vis-à-vis de l'enfant.
  • "Tu... plus que... !", "Tu... moins que... !"
    Halte aussi aux comparaisons qu'on déteste subir mais qu'on fait paradoxalement subir aux enfants ! En effet n'est-il pas dévalorisant et démotivant de se faire traiter de moins bien ou compétent qu’un autre ? En plus cela peut générer de la jalousie, de la rivalité ou de la colère. Pour nous débarrasser de ce réflexe, utilisons plutôt les "J'ai vu que ..." ou "Et si on demandait à ... comment il fait ?".
  • Ne créons pas de problème au sein des fratries !

  • "Tu ne... jamais !", "Tu... toujours... !"
    Halte aux généralités qui reviennent à "coller une grosse étiquette" à l'enfant ! Sachant qu'en plus vous risquez de perdre votre crédibilité si l'enfant vous demande de lister les précédents dont vous ne vous rappellerez certainement plus trop... (pour avoir vécu cette situation, j'en sais quelque chose !) Pour éviter ces pièges, il est utile de revenir aux basiques à commencer par la description des faits que l'on observe : "Je vois que...". On peut ensuite éventuellement ajouter "Il me semble que cette situation est déjà arrivée, non ?" puis enchaîner sur "Et qu'est-ce qu'on avait dit quand c'était arrivé ?" pour revenir sur le respect du cadre.

Trucs et astuces

  • se placer "du côté de" l'enfant c'est-à-dire selon son point de vue : ça peut aider à comprendre les sentiments et les sensations ressentis, la raison d'éventuelles maladresses... Par exemple, comme moi "avant", vous demandez peut-être à vos enfants de ne pas mettre leurs mains sur la cuvette lorsqu'ils s'assoient sur les toilettes. Néanmoins, quand on se met "du côté de" l'enfant, on réalise que si on ne pose pas ses mains sur la cuvette, on tombe. Une telle consigne n'est donc pas pertinente et à oublier !
  • placer l'enfant "du côté de" l'adulte en questionnant l'enfant par un "Comment te sentirais-tu si… ?". Ou bien en mettant en scène une situation où le comportement de l'enfant nous a interpellé (en rejouant soi-même la scène, avec des marionnettes...). Pour dédramatiser cette situation, l'humour est une valeur sûre !
  • penser à son attitude : veiller à son attitude aide à contrôler le reste (le regard, le ton, les paroles...)
  • Devine quelle est la bonne attitude !
    (facile, elle est associée à la couleur de l'espoir)

  • penser à son regard : on nous dit que le regard du parent doit rester bienveillant même en cas de conflit... Pas facile mais ça vaut le coup d'essayer...
  • penser à son ton
    Oui, quand on est excédé, c'est une libération de hurler : ça fait du bien au moins sur l'instant. Par contre l'impact n'est généralement pas positif, ni pour l'enfant, ni pour l'adulte non plus ! En ce qui me concerne, j'ai une voix de crécelle quand je hurle ; cela génère au choix un sentiment de malaise auditif ou bien des rires... Pour bien communiquer avec mes enfants, j'ai dû apprendre à trouver "mon bon ton". Cela s'est fait progressivement, sur plusieurs années, en m'inspirant de certaines personnes (la référente de la crèche, notre nounou, une amie, une tante, une maîtresse...) qui ont représenté pour moi des modèles de communication adulte/enfant à atteindre ! Dorénavant, lorsque je communique avec mes enfants, même si je suis fatiguée ou énervée, je constate que j'arrive plus facilement à garder "mon bon ton", un ton sûr et posé.
  • faire un point
    Sur les conseils d'amis parents, le papa et moi avons mis en place, pendant une période où notre enfant avait un mauvais comportement en maternelle, une "revue de la journée" quotidienne. Cette revue consistait à définir, avec notre enfant, si la journée s'était bien passée au vu de son comportement. Nous décidions ainsi ensemble du smiley à attribuer à cette journée. Cela a duré plusieurs mois mais a permis d'arranger les choses : j'ai l'impression que notre enfant a compris que son comportement à l'école était important pour nous, que nous y faisions attention et que nous attendions de lui qu'il respecte certaines règles.

Petit extrait de nos "revues de la journée"


Commentaires