Les étapes pour garder ou retrouver une conversation apaisée
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être bienveillant avec son enfant pour se "connecter" à lui.
Plus concrètement, cela revient à s'intéresser à son enfant et à ses histoires, typiquement en lui posant quelques questions de curiosité ou de cœur sur son quotidien.
Cela devrait certainement être naturel de s'intéresser ainsi aux personnes que l'on chérit. Mais je crois que la vie trépidante que nous menons nous laisse parfois "lavés, hors d'usage", comme Alain Souchon le dépeint si justement dans "Foule Sentimentale".
Personnellement, ayant décidé de m'améliorer dans ma relation avec mes enfants (si si, c'est vrai !), je m'efforce particulièrement, depuis plusieurs mois, de pratiquer ces questions de curiosité ou de cœur avec eux : "Comment s'est passée ta journée ?", "Qu'avez-vous mangé à la cantine ?" (question simple mais à potentiel élevé de réponse avec les jeunes enfants !), "Est-ce que vous êtes encore fâchés avec Eric ?". Et je constate que ces efforts ont renforcé l'intérêt que nous portons sur nos quotidiens respectifs et, ce faisant, ont aussi renforcé nos liens ! Je ne peux qu'encourager cette bonne pratique !
Si la relation est particulièrement tendue avec l'enfant, une bonne idée peut être de se retrouver seul(e) avec lui en terrain neutre, par exemple au restaurant, afin de permettre cette "connexion". -
amener l'enfant à s'exprimer sur ce qu'il ressent sans blesser quiconque.
En effet, comme l'explique Jacques Salomé dans "Oser travailler heureux", "Tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime".
Vous pouvez amener votre enfant à s'exprimer sur ses sensations et sentiments en lui demandant directement "Qu’as-tu éprouvé quand… ?". Et si c'est votre enfant qui a l'initiative et qu'il vous assène un "Maman, tu es méchante !", une bonne réponse peut être "Dis donc, j'ai l'impression que tu es fâché contre Maman !?" : c'est en effet une façon de dédramatiser la situation et d'inviter l'enfant à s'exprimer. -
écouter l'enfant sans l'interrompre
Ce qui est important, c'est de faire preuve de bonne intention, de présence affectueuse, d'attention. Il serait très mal venu à ce moment de juger l'enfant ou de dire une "bêtise" qui n'a rien à voir avec ce dont l'enfant nous parle.
Le plus simple est d'écouter en silence ou d'accueillir les paroles de l'enfant avec un ou quelques mots (un "hum hum" approbateur suffit bien souvent !). Si on est sûr de ne pas faire de maladresse, on peut aussi écouter plus activement en répétant, reformulant ou reflétant ce que l'enfant a dit ("Je vois que tu...") voire poser quelques questions mais en veillant à les limiter. -
avoir de l'empathie
L'important est de ne pas dire de "phrase bateau" ni de nier les sensations ou sentiments. En effet, comme l'a fait remarquer Janusz Korczak, "L'enfant mérite que l'on respecte ses peines même si leur cause n'est que la perte d'un caillou.".
Ainsi lorsqu'un enfant s'est fait mal, il ne faut pas hésiter à le reconnaître avec un "C'est un gros bobo ça !" ou "Ça fait mal une blessure comme celle-là." quitte à ensuite rassurer l'enfant avec un "Regarde, ça n'a pas l'air trop grave... Tu vas pouvoir retourner jouer !". Cerise sur le gâteau, comme vous pourrez probablement le constater, l'enfant s'arrêtera de pleurer !
Aussi, si un enfant dit qu'il n'est pas fatigué, il ne faut pas hésiter à lui proposer de rester dans son lit avec des livres (même si, on est d'accord, ça simplifie la vie du parent quand l'enfant fait une sieste !)
Enfin, n'oublions pas qu'avoir de l'empathie, c'est aussi être capable, après avoir écouté l'enfant, de revenir dans la raison et de donner un conseil. Mettre des mots sur les émotions "Qu'est-ce que je ressens ?" (agacement, irritation ...) permet justement à la pensée de reprendre le dessus. C'est une bonne transition au paragraphe suivant ! -
nommer l'émotion ou le sentiment en utilisant "Tu me sembles...", "Tu as l'air...".
Cela permet à l'enfant de comprendre ce qu'il vit, ce qui aide à accepter et aussi à faire partir cette émotion ou ce sentiment.
Ainsi l'enfant semble-t-il joyeux, content, fier, triste, apeuré, en colère, énervé, fatigué, déçu ; semble-t-il avoir faim ? (effectivement, comme vous l'avez certainement déjà remarqué, quand on a faim, on n'est pas dans son état normal !) ; semble-t-il avoir mal ? Pour cela on peut s'aider, visuellement, de cartes des émotions. -
proposer et étudier des solutions car comme l'a dit Haim Ginott, "Tous les sentiments sont légitimes, mais les comportements ne sont pas tous acceptables.".
Pour commencer, il est bon de rappeler la problématique et l'objectif : "Nous avons un problème, c'est que... Nous devons trouver ensemble une solution à ce problème et cette solution doit convenir à tous.".
Si le conflit est minime et la solution assez simple, on peut essayer de résoudre le problème sur le champ en disant à l'enfant "Viens, on va... et je vais te montrer... pour résoudre le problème." ou encore, si le temps est compté, "Je te propose comme solution de ... On peut le faire à partir de maintenant pendant un quart d'heure. On le fait ?".
Si la situation est bloquée, il est préférable de prendre le temps, avec l'enfant, de trouver une solution. Typiquement cela se fait en plusieurs étapes successives, en :
1 - listant, avec lui, des idées de solutions
2 - revoyant, avec lui, ces idées une par une. En tant qu'adulte, attention à ne pas démonter les propositions données par l'enfant : n'hésitez pas à utiliser l'humour et des phrases comme "Que penses-tu de... ?", "Le problème, c'est que...". Si vous hésitez, dites-le aussi à l'enfant : "J'ai besoin d'y réfléchir." ou "Je ne sais pas. Je vais me renseigner..." en précisant quand vous reprendrez la discussion avec lui.
3 - favorisant, si possible, les solutions proposées par l'enfant (elles seront plus facilement respectées par ce dernier)
4 - fixant un délai pour un prochain point ensemble si, une fois la solution choisie et le "plan d'attaque" défini, une dérive est à craindre : "On en reparle dans une semaine pour voir si ça a bien fonctionné." -
encourager l'enfant qui manque de confiance en lui afin qu'il développe son "estime de soi".
Il est important que l'enfant se sente capable et que la relation avec lui soit une relation de confiance.
On ne doit donc pas hésiter à lui dire, si on le pense, "Je suis certain que tu vas y arriver !".
Il est aussi parfois utile de rappeler à l'enfant ce qui est important pour le parent. En effet un décalage peut exister entre ce que le parent pense (par exemple que l'enfant s'épanouisse) et ce que l'enfant pense qu'on pense (par exemple avoir des bonnes notes). A ce sujet rappeler que "L'important, c'est d'essayer." peut aider.

Comme le dit l'adage, "qui ne tente rien n'a rien".
Et en plus si c'est fait avec délicatesse, il n'y a pas de raison que ça "coince"!

L'empathie, "c’est la volonté de comprendre l’autre de l’intérieur
tout en sachant qu’on n'y est pas"
(Jacques Lecomte, docteur en psychologie, Journal La Croix du 20 janvier 2016)
Trucs et astuces
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lorsque l'enfant parle fort , une astuce est de faire le silence, chuchoter ou parler doucement : l'enfant devrait de lui-même se mettre à parler moins fort -
si le ton monte , il est temps de dire "Voilà ce que je te propose :...", de faire une pause et de revenir plus tard ou bien d'attendre un "médiateur" (une tierce personne) pour reprendre sereinement la communication -
pour sortir d'un problème , on peut utiliser l'imaginaire qui console et permet par ailleurs de conserver et développer l'espoir : "Et si tu pouvais acheter tous ces jouets, qu'en ferais-tu ?", "Oui, tu imagines si... ; ce serait chouette...", "Peut-être qu'avec un peu de chance,..."...

Lors d'un départ, on peut atténuer la tristesse ou la révolte
en évoquant des moments joyeux à venir
ou en promettant de revenir ultérieurement.
Pour aller plus loin avec les enfants
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livres "Bastien et les Blipoux" pour initier les enfants à l'art de résoudre les problèmes en gérant mieux ses émotions -
cartes des émotions par exemple en version "physique" de Clerpée , ou en version informatique de Bougribouillons
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